[INFRA] Hôpital Principal

Glen rangea son portable puis lança un regard amusé à sa patronne.


- "Je m'accommode assez bien de l'attention, si j'avais du faire un autre choix de carrière j'aurai été crooneur ; j'ai toujours rêvé qu'un public féminin en folie me lance ses sous-vêtements sur scène, comme Tom Jones à Vegas..."


Puis l'homme haussa les épaules, grimaçant alors que sa blessure se rappelait douloureusement à lui.


- "Mais j'étais jeune, je voulais voyager, découvrir le monde, rencontrer des gens fascinants... Et les tuer ; alors j'ai signé avec le colonel Kirby." (-->Mike Kirby, personnage interprété par John Wayne dans le film "The Green Berets" en 1968, dégoulinant de patriotisme et de clichés macho s'il en est)


Gyas soupira, et son air léger disparut ; il visionnait le film mental des événements récents, lesquels avaient faillit coûter la vie à pas mal de monde, lui inclus... Et ça lui déplaisait vraiment.


- "Vous savez, ces mecs à la voiture bélier étaient vraiment brouillons, mais on a été assez mauvais pour se faire avoir... Le dispositif de sécurité du central doit vraiment être revu, j'aurai jamais pensé qu'un truc pareil puisse arriver après le nine-eleven."


Ce n'était pas une critique adressée à son supérieur, Gyas avait l'habitude qu'une équipe assume collectivement ses erreurs... Et là, c'était son équipe, le champion local, qui avait faillit se faire torcher par des challengers sous-côtés.

Je souris, finis ma barre et ma boisson et me tournai vers Gyas.

"- Ce n'est pas faute d'essayer de mieux équiper le Central mais le maire ne m'a pas vraiment à la bonne. En plus il se permet de réduire notre budget sous prétexte que la criminalité a baissé.
Alors oui les délits, les criminels indépendants ont été divisé par 2, au moins, mais on fait face à pire maintenant, on fait face à des organisations criminels avec d'énormes moyens."

Je soupirai. Ca me rendait dingue que le maire se permette de juger quelque chose qu'il ne connaissait pas, quelque chose qu'il ne vivait pas au quotidien.

"- En tous cas j'ai une petite idée de qui peut être derrière tout ça.
Vous avez entendu parler de l'année dernière ? Le Central a littéralement explosé. Le FDL était derrière ça.
Sauf que maintenant... comme vous dites, c'était vraiment brouillon et j'aurais tendance à penser que ce n'est peut-être pas eux, peut-être que ce sont leurs rivaux."

Je pensais à voix haute et à toute allure, du coup plus pour moi que pour l'inspecteur, qui devait être un peu perdu dans tout ça, surtout s'il n'avait pas lu la presse de Seattle ces derniers mois, voir ces deux dernières années.

Je me levai brusquement, un peu trop d'ailleurs vu que ma tête tourna et que je du m'appuyer contre le mur pour éviter de vaciller.

"- Je vous donne la fin de votre journée Glen, quant à moi je rentre au Central."

Il fallait que je démêle tout ça, j'avais des cassettes vidéos à visionner, des questions à poser aux CSI, bref tout un tas de choses à faire.

Glen Gyas se leva doucement, ce qu'il venait d'apprendre ne le surprenait pas outre mesure, mais il fallait y remédier... Battre le fer tant qu'il était encore chaud.


- "On est une équipe, et dans cette équipe il n'y a pas de lâcheurs ; si vous bossez, je bosse... Et si vous voulez que je me repose, il faudra soit vous reposer aussi, soit me mettre à pied."


Ce n'était pas un sursaut d"héroïsme mal placé, Glen Gyas était de ces mecs blasés qui ne donnaient pas dans les grands sentiments ; il s'agissait juste d'une déclaration d'intention. Et dans le genre, il en avait une autre d'intention... Touche rapide #9 sur son portable, sourire qui s'entend au téléphone.


- "Salut Wilma, oui c'est Glen Gyas... Merci encore pour votre coup de main, l'appartement est vraiment super, il faudra que vous veniez y prendre un verre un de ces jours. Dites-moi, vous pourriez me passer le poste de l'attaché des relations publiques ? Merci, vous êtes une perle de femme."


Le visage de l'homme devînt un masque dur et sa voix resta faussement détendue, presque innocente.


- "Bonjour, officier Gyas, numéro de plaque 2048-3326. Je vous appelle car je suis nouveau au département, j'ai pris mon service aujourd'hui et [...] Oui, j'ai appris pour l'attentat qui a eu lieu il y a une vingtaine de minutes à East Precint, c'est horrible ; je dois vous dire que je suis un peu inquiet [...] Heureux de savoir que le bureau de monsieur le maire partage mon inquiétude [...] A ce sujet, je voulais vous dire: j'ai été blessé par-balles durant ce fameux incident, n'ayons pas peur des mots, appelons-le une attaque terroriste [...] oui je vous appelle de l'hôpital, mais je retourne à mon poste de ce pas [...] J'ai toute confiance en la réactivité de cette administration, je ne manquerai d'ailleurs pas d'en faire part aux journalistes une fois sur place."


Il y eut un moment de silence de l'interlocuteur paniqué au téléphone ; lorsqu'il reprit d'une voix conciliante, celle de Gyas devînt un véritable rasoir, froid comme l'acier, tranchant avec précision.


- "Nous nous comprenons, vous avez une demi-heure avant que ma belle confiance en monsieur le maire ne mette la clé sous la porte ; ensuite c'est le lynchage médiatique devant la presse nationale, et le procès pour dommages et intérêts contre la mairie [...] Il y a de bonnes chances que ça vous coûte bien plus que de sécuriser un simple poste de police. Un petit chèque pour le commissariat, une médaille en chocolat et une poignée de main pour tous les officiers blessés, ça me ferait bien plaisir et ça fera une pub d'enfer pour monsieur le maire [...] Parfait, on se voit d'ici vingt minutes avec nos plus beaux sourires."


Gyas raccrocha puis commanda un taxi, glissant de manière anodine à sa patronne.


- "J'étais syndicaliste et j'ai survécu dix ans à Washington sans me faire virer... Avec un emmerdeur comme moi dans les parages, le maire va vous oublier un moment je pense."

[HRP : ce n'est pas le "East Precint" mais le Center Precint (innexistant en réalisté), ou plutôt le SPD Center, l'adresse, elle, est réelle, c'est celle du Soutwest Precint.]


Je soupirais, pourquoi je sentais que Gyas n'allait plus me lâcher sur cette affaire. D'un autre côté j'avais un peu trop parlé, je lui avais donné des infos et maintenant il s'en servait.

"- Si vous êtes aptes à bosser alors allons-y mais pour l'amour du ciel, ne refaites plus jamais ça."

Je faisais allusion à son petit coup de fil au bureau du maire, je ne savais pas sur quel secrétaire il était tombé mais ce n'était pas comme ça qu'il allait régler le problème.

"- Ecoutez c'est gentil de vouloir aider, mais ici ce n'est pas Washington, on ne fonctionne pas de la même façon.
Mes relations sont tendues avec la moitié des commissariats de la ville, le bureau du maire, sans rajouter quelques uns des mes propres subordonnés alors s'il vous plaît restez à votre place."

J'avais été froide et claire, peut-être un peu trop, peut-être pas assez, mais j'avais bien peur que tout ce que Gyas n'arrive à faire c'est de la mauvaise pub aux flics.
Je voyais déjà les titres dans les journaux : "Un officier à peine arrivé de Washington se plaint de son job à Seattle. Il menace le maire et demande une augmentation."
Parce que je n'attendais pas moins des journalistes que de déformer les paroles de Gyas. Il suffirait que Washington soit assez vache pour balancer quelques cailloux sur Gyas et c'en était fini.

On arriva à l'accueil et je m'y arrêtai pour signer les papiers concernant ma décharge, puis je me souvins que vu que j'étais à l'hôpital, autant passer voir Jun. Gyas était lui parti siffler un taxi.

"- Vous pouvez m'indiquer la chambre de l'inspecteur Jun Huang ? Je suis son supérieur."

L'infirmière me regarda un instant puis pianota sur son clavier et déclara qu'elle était en chambre 303.

Glen comprenait bien la position délicate de son supérieur, mais il avait entamé ce combat en son nom propre et par un coup de pied dans les bijoux de famille de son opposant ; ce n'était pas parce qu'il n'en montrait aucun signe extérieur, que d'être passé à deux doigts de la mort ne lui avait pas fait peur. Au fond de lui, le flic était en colère.


- "Désolé boss, mais j'ai pris une balle dans une putain de cafétéria de commissariat, tirée par un civil armé dans ses murs... Sans compter un drive-by et une voiture -bélier remplie de tueurs avec des armes de guerre. Les probabilités étaient contre nous, nous pourrions être morts à l'heure qu'il est. Il y a des responsables en dehors des auteurs de cette attaque, et ils vont assumer leur merdier. Si on ne prévient pas ce genre d'attentats de se reproduire, alors les prochains responsables qui auront des collègues morts sur la conscience, ce sera nous."


Mais Gyas ne voulait pas fustiger une collègue, surtout pas quand elle avait abattu le type qui lui avait collé une balle au travers du corps.


- "Si ça merde, chargez-moi ; mon dossier fera l'affaire. On se voit tout à l'heure."


Atteindre l'objectif par n'importe quel moyen nécessaire, c'est ce à quoi Glen Gyas avait été entraîné... Et en tant que membre du SWAT, son objectif ultime était de minimiser les risques pris par ses collègues.

Pour avoir vécu à Washington, il savait que la politique était pire qu'un nid de vipères, c'était un nid de vipères dont la moitié était républicaine et l'autre démocrate. Les politiciens se moquaient bien des réalités, seule importait l'opinion publique.

Si la mairie de Seattle n'avait pas voulu mettre les moyens suffisants pour assurer la sécurité de ses officiers de police, cet attentat était la preuve publique de leur échec ; pris la main dans la jarre de cookies, ils n'avaient pas grand choix de toute façon: avec ou sans la gentille piqûre de rappel que venait de leur filer Gyas, ils seraient forcés de montrer une réaction au public, annoncer qu'ils faisaient quelque chose pour rattraper leur connerie.

Dans un pays traumatisé par le onze septembre, il n'y avait pas meilleure publicité que de montrer son soutient aux gars en uniforme sur un site d'attentat.

Préparant son meilleur sourire et sa "confiance en l'administration municipale", Glen prit un taxi pour retourner au central.


Bureau de Ding Chavez.

[EDIT: Je vais voir Ding au lieu de faire mon sale individualiste]

Il s'était à demi excusé mais n'en démordait pas moins. Au moins il pourrait peut-être occuper la mairie assez longtemps pour qu'on puisse retrouver les responsables de ces conneries.

Quant à moi je me dirigeai vers la chambre de Jun espérant qu'elle ne soit pas trop amochée, je détestai voir mes Hommes sur un lit d'hôpital, avec pleins de fils et de tubes partout. Mais Sean m'avait dit que ce n'était pas si grave donc je mis mon inquiétude en veilleuse.

J'arrivai au niveau de la porte derrière laquelle était censé se trouver mon inspecteur, d'ailleurs un garde y était posté et mon sang ne fit qu'un tour. Le garde avait l'air calme, je lui montrai juste ma plaque et il fit un signe de tête en guise de réponse.

Je frappai, n'attendit pas réellement assez de temps pour entendre un "entrez" et pénétrai dans la pièce.
Ce que j'y vis me décontenança. Deux Jun pour le prix d'une, l'une dans un lit au téléphone, je supposais que c'était la mienne, l'autre tenant des vêtements et regardant d'un oeil désapprobateur celle qui devait être sa jumelle.

"- Bonjour inspecteur."

Yu Ming ne savait que faire pour dissuader son aînée de faire ce qu'elle considérait comme une folie. Elles s'étaient sévèrement accrochées quand elle avait su le fin mot de l'histoire, les circonstances dans lesquelles Jun avait été blessée.

La jeune femme redoutait toujours les relations troubles qu'elle nouait avec les milieux que son métier l'amenait à fréquenter mais là, ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle faisait d'habitude. C'était sciemment qu'elle et ce Lan Zhao Fei en étaient arrivés là.
Sans vraiment savoir pourquoi, elle le détesta d'emblée. Sa simple présence lui faisait courir de grands risques, et Yu Ming ne voulait pas perdre sa sœur.

Mais elle savait aussi que rien ne la ferait changer d'avis, d'autant que la morphine ne soulageait aucunement la douleur qui la tenaillait depuis la veille.

- Jun, je t'en prie ! Tu viens à peine d'être opérée, tu te rends compte de ce que tu fais ? Les médecins ne voudront jamais te laisser t'en aller ainsi !
- Leurs fichues drogues ne me font rien ! Je ne vais pas passer les dix prochains jours à me tortiller sans dormir sur mon lit. Je veux rentrer chez moi.

Elle la vit retirer la perfusion d'un geste irrité, couper le sifflet de l'alarme qui se déclencha sur les appareils médicaux, appeler son coéquipier pour qu'il vienne la chercher.
Oui, peut-être... Peut-être que Sean l'écouterait si elle lui parlait... Il fallait qu'il la dissuade, elle ne pouvait pas sortir si tôt de l'hôpital !

L'arrivée de cette femme coupa court à la discussion qui s'amorçait et Yu Ming se tut. Elle ne voulait pas discuter de choses privées devant une étrangère.
Elle se contenta de la saluer d'un sourire et d'un hochement de tête.

L'inspecteur Huang regarda son supérieur entrer avec étonnement et cessa un bref instant de s'agiter. La tenue dans laquelle elle se trouvait lui tira un léger sourire, et elle se leva avec précaution.

- Bonjour, capitaine...

Elle dit quelques mots à l'autre jeune femme, et celle-ci soupira, puis fouilla dans le sac qu'elle avait apporté.

- Je peux vous dépanner d'un tee-shirt, si ça vous tente...

Jun regarda Connor et se rassit sur le bord du lit, puis demanda :

- Puis-je faire quelque chose pour vous ?

Apparemment j'étais arrivée comme un cheveu sur la soupe mais je ne fis pas de remarque. Les querelles fraternelles, je connaissais et je ne voulais surtout pas m'en mêler.

"- Je ne suis en effet pas contre un de vos tee-shirt. Il y a eu un léger... ahem... incident dans la Salle de Repos du Central, c'est un peu la raison pour laquelle je suis vêtue de cette... chose."

Dis-je en grimaçant à l'idée que je portais un truc blanc qui m'arrivais jusqu'aux fesses et qui, en plus, avaient des petites fleurs colorées sur lui. Heureusement que je portais un jean car sinon ça aurait été le comble.

"- A vrai dire Jun, je suis venue prendre de vos nouvelles, j'ai parlé à Sean mais vous savez sûrement à quel point il est bavard."

Sentant bien que Jun était sur le départ, malgré sa blessure, je m'approchai du lit. Sachant que de toute façon ce n'est pas moi qui pourrait la dissuader et me disant que quand j'avais été à sa place, je voulais tout autant sortir qu'elle.

"- Je peux peut-être faire quelque chose pour vous ?"

La Chinoise regarda son supérieur approcher alors que Yu Ming lui tendait une étoffe bleue pliée plus en rapport avec sa fonction, puis se tournait vers sa sœur pour l'aider à s'habiller. Le pansement apparut quand elle se défit du vêtement du bloc, et elle enfila rapidement une chemise.

- Ce que vous pouvez faire pour moi ? C'est assez simple, en fait. Je dois sortir d'ici.

Jun du temps pour mettre son jean, puis sa jumelle l'aida à nouveau pour les chaussures.

- Après ce qui s'est passé à la maison de thé, la rue va s'enflammer. Il va y avoir des morts, beaucoup de morts. Si je reste ici, je ne pourrai pas tenter de limiter la casse. Ceux qui ont organisé le carnage là-bas s'en prennent aussi aux habitants de Chinatown. Il faut que je fasse quelque chose pour empêcher ça.

Je remerciai d'un signe de tête la soeur de Jun en prenant le tee-shirt puis me tournai vers Jun.
Je voyais la détermination dans les yeux de la jeune femme, elle semblait bien décidée à en découdre.
Je n'avais pas l'habitude de laisser mes inspecteurs partir en chasse alors qu'ils sortaient à peine d'une opération mais que pouvais-je faire, elle faisait partie de ces dizaines de têtes brûlées qui, même sans mon accord, même suspendus, continueraient leur boulot.

"- Je veux bien prendre la responsabilité de vous laisser reprendre le travail, un boulot de bureau pour quelques jours, cela va sans dire vu que vous êtess à peine capable de vous habiller seule.
Mais ça vous coûtera un service."

Avec ce que j'avais appris de Sean, si peu certes, mais c'était déjà suffisant, plus l'intuition que j'avais que tout semblait mêlé, je pouvais faire quelques suppositions de plus.

"- Comme vous l'avez dit, Chinatown commence sérieusement à flamber, je ne suis pas la spécialiste de ce genre de "guerre ethnique" si je puis dire mais vous si.
Sean m'a appris qu'un certain Lan Zhao Fei avait été mêlé à ce qui s'est passé à la maison de thé et curieusement son nom revient bien trop souvent à mon goût et ce dans plusieurs affaires, l'une impliquant un double meurtre dans nos locauxet ça, ça ne me plaît pas du tout."

Là j'avais déballé plusieurs infos que je lui laissai le temps d'assimiler. J'espérais qu'elle serait coopérative.

"- Je veux des infos sur lui et je ne doute pas que vous pourrez en obtenir, de quelques manières que ce soit. Sean semblait croire que ce Zhao Fei n'est qu'un pion, personnellement je trouve que ce sont nous les pions et je n'aime pas ça."

Jun s'assit et écouta avec attention les informations que le capitaine lui donnait.
Elle se demandait à cet instant précis comment arriver à concilier son métier de policier avec leur relation naissante... Lao Lan était dans la merde si elle décidait d'avoir sa peau.

- Je vois. Mais je connais les types des triades. En général, ils ne s'en prennent pas aux flics, à part quand ils bossent pour eux. J'ai peut-être une idée...,ajouta-t-elle après un silence. Elle est gonflée, mais si ça marche, vous n'aurez plus jamais de problème dans Chinatown.

La jeune femme se détendit un peu. Il fallait que Connor la laisse essayer son plan. La paix était à ce prix avec les Asiatiques.

- Est-ce que ça vous intéresse ?

"- Peut-être qu'ils ne s'en prennent pas aux flics certes, mais ils s'en prennent apparemment à des témoins gênants et quand ces témoins sont des civils, ça ne me plaît guère non plus."

Jun avait tout à fait l'air d'en savoir plus qu'elle ne voulait bien me dire mais je ne voulais pas la brusquer. Combien de fois avais-je fais la même chose quand j'étais à sa place et que mon Capitaine devenait trop inquisiteur.
Néanmoins, j'avais bien l'intention d'en savoir plus, il fallait juste agir avec finesse.

J'en étais environ là dans mes réflexions quand l'inspecteur m'annonça qu'elle avait, peut-être, un plan. Là ça m'intéressait même si je restais sur mes gardes.
*Vous êtes les rois des coups foireux, nous répétait souvent Sanchez, quand on était encore sous ses ordres.* Je devais pensez de la même façon en ce qui concernait mes propres inspecteurs.

Je décidai de m'asseoir sur un tabouret près du lit de Jun et de l'écouter.

"- Quel est votre plan ?"

- Laissez-moi négocier avec Lan Zhao Fei. Si je viens avec une proposition intéressante, il m'écoutera. Et ma proposition est intéressante.

Jun s'appuya sur l'accoudoir pour soulager son dos et se tourna sur le côté.

- Je pense que s'il est capable de son côté de fédérer les chefs de gang de bonne volonté, il deviendra au moins leur porte-parole naturel. Surtout s'il est bien avec la police. Je sais qu'il y a un problème avec les Thaïs en ce moment. Leur leader est un gourmand, et il est responsable des événements à la maison de thé.Ses gars s'amusent aussi à racketter les gens dans Chinatown sur le territoire des autres. Je ne serais pas étonnée qu'il ait envoyé quelqu'un liquider ses gars au central, pour les empêcher de parler.

L'inspecteur changea de position et regarda Connor avant de continuer.

- Si ça vous intéresse, je m'en occupe. C'est un travail que je sais faire, et j'ai l'avantage d'être Chinoise. Jamais aucun Asiatique ne négociera avec un Blanc. Qu'en dites-vous ?

*Coup foireux.* Je le savais bien avant de l'écouter... Pourquoi l'ai-je fait ? La curiosité, l'envie d'en savoir plus, de confirmer mes soupçons.

"- C'est une proposition intéressante, enfin ça le serait si vous n'oubliiez pas un détail, ce Zhao Fei est un criminel."

Je soupirai en en croyant à peine mes oreilles. On était aux Etats-Unis bordel, on ne négociait pas avec des criminels, aussi volontaires et sympathiques soient-ils. Mes inspecteurs auraient-ils tous perdu la raison ?!

"- Je n'ai pas bien saisi le moment où on arrête ce Lan et où le met aux frais...

Comprenez-moi un peu Jun, si ça peut arrêter le carnage dans Chinatown je ne suis pas contre mais après que fait-on ?
On le laisse s'installer en ayant contribué à éliminer ses rivaux, il prend le pouvoir et règne sur Chinatown, jusqu'à ce qu'il devienne plus gourmand et qu'il s'en prenne à la ville entière ?

Non désolée, là je ne marche pas. Trouvez une alternative ou apportez-moi de solides preuves contre Zhao Fei d'abord pour qu'on puisse s'en charger après qu'il nous ait aidé à en finir avec les Thaïs."

Si elle voulait continuer sans suivre mes consignes, libre à elle mais ça serait sans le SPD Center.

La réaction de cette femme ne l'étonnait même pas. Comment aurait-il pu en être autrement, d'ailleurs ? Elle ne voyait pas plus loin que les quelques malfrats qu'elle pourrait mettre sous les verrous.

- Laissez-moi suivre votre raisonnement jusqu'au bout, voulez-vous ? J'arrive à le convaincre de notre bonne volonté et il collabore. On joue double jeu, on se sert de lui pour calmer la rue et on l'arrête. Que va-t-il se passer ?

L'inspecteur changea à nouveau de position sur sa chaise.

- C'est très simple. Il sera remplacé, et par qui ? Sans doute par quelqu'un de moins coopératif. Les flics de Seattle seront grillés auprès de la communauté asiatique et il n'y aura plus aucun moyen de discuter, parce que nous serons vus comme des gens en qui ils ne peuvent pas avoir confiance.

Jun regarda le capitaine et poursuivit :

- Si vous voulez faire cela, libre à vous, mais ce sera sans moi. Si j'arrive à trouver un terrain d'entente avec lui, cela ne veut pas dire que je ne le coffrerai pas si je l'attrape, entendons-nous bien. Il connaît aussi bien que moi les règles du jeu, et je ne lèverai pas le petit doigt s'il manque de discernement.

Elle ignora le regard désapprobateur de sa soeur, à quelques pas derrière l'officier. Yu Ming ne comprenait pas les nécessités du métier.

- Regardez ce qui se fait à San Francisco et à Los Angeles. Il y a des officiers chargés des négociations avec la communauté asiatique, et ils sont là pour aplanir les difficultés. Bien sûr, c'est donnant donnant... Mais la paix dans les rues est préservée, sans pour autant renoncer à la mission première de la police, qui est d'arrêter ceux qui enfreignent la loi. On a la chance d'avoir un contact possible. Autant la saisir.

J'écoutai les arguments du Jun, convaincants pour certains, beaucoup moins pour d'autres. C'était ces jours-là que j'aurais tout donné pour redevenir inscpecteur et n'en faire qu'à ma tête.

Comment faire comprendre à Jun qui si jamais quelqu'un apprenait les relations qu'elle voulait entretenir avec la pègre chinoise, ç'en allait être fini de sa carrière. Et encore ça c'était seulement si elle avait de la chance, si elle n'en avait pas, elle finirait en prison pour complicité et moi je tomberais avec elle.

"- Ecoutez Jun ce n'est pas mon boulot d'entretenir des "relations", comme vous dites, avec la pègre chinoise. Chinatown fait partie de Seattle, Seattle est sous la protection de la Police et de celle-ci uniquement et je ne laisserais pas devenir une partie de la ville une zone de non-droit.

Les habitants de Chinatown n'ont pas à être victime d'extorctions de fonds sous couvert d'une prétendue sécurité. C'est à la Police que revient la tâche de protection de la population et non pas à la pègre, les citoyens paient des impôts pour ça et s'attendent à des résultats visibles."

Je savais que je risquai de me la mettre à dos mais elle, elle risquait beaucoup plus en ne m'écoutant pas.

"- Je ne peux vous empêcher de faire ce que vous voulez de votre vie mais si j'apprend que vous fricotez avec les criminels qui sévissent dans Chinatown vous serez immédiatement mis à pied et je lancerai une enquête des affaires internes à votre encontre. Vous ne serez pas le premier officier que j'aurais licencié."

Je soupirais puis continuai, elle ne me laissai pas le choix, je me devais de l'avertir de ma position et du fait que je ne la soutiendrai pas.

"- Encore une fois, je vous demande de réfléchir car je doute fortement que la meilleure solution soit de conclure un pace de non agression avec un criminel d'envergure."

Jun se contenta de hocher la tête, puis se leva.

- C'est votre vision des choses, et je comprends votre position. Mais n'oubliez pas que chaque lumière qui s'allume crée une ombre.

Sa soeur l'aida à passer sa veste, puis elle glissa ses papiers et son portable dans les poches et exerça son corps avant de se mettre à bouger.

- Je vous aurais prévenue, c'est tout. Je n'irai pas à l'encontre de vos ordres, puisque c'est ce que vous voulez. Chinatown fait bien partie de Seattle, mais aucun Américain de souche n'y vit. Ce n'est donc pas tout à fait un morceau de ce pays, et ce n'est certes pas une zone de non-droit. Souvenez-vous de cela. Yu Ming, ramène-moi à la maison, s'il te plaît. Au revoir, capitaine.

Jun sortit de la chambre, sa soeur sur les talons. Elle comprenait, bien évidemment. Les choses n'étaient pas comme chez elle. Mais si le quartier flambait à cause d'une guerre des gangs, elle aurait fait son possible pour l'empêcher.

Connor reviendrait la voir si la situation lui échappait. Ce qu'elle n'espérait pas.


Appartement de Huang Jun Feng

Je ne savais pas si j'avais réussi à la dissuader mais j'étais soulagée, pour le moment car elle avait affirmée ne pas vouloir aller à l'encontre de mes ordres.

Je la vis sortir de la chambre aidée de sa soeur et elle me laissa seule. Profitant du fait que personne n'était là j'enlevais l'immonde chose qui me servait de haut et enfilait le tee-shirt prêté par Jun non sans une grimace de douleur provenant du mon bras blessé.

Il me fallait retourner au Central, voir les dégats, commencer l'enquête, rassurer mes Hommes, bref la routine.

SPD Center > Vestiaires

Tandis qu'à quelque kilomètres de là, Sean se dirigeait en voiture vers la tour Sanga, deux fourgons du swat derrière lui, son téléphone se mit à vibrer dans la poche de son blouson. Fort heureusement c'était le sien et pas un des dix autres qu'il avait confisqué aux agents du swat et qu'il avait dans un petit sac à dos.

L'irlandais fut tenté de répondre que ça n'était pas vraiment le moment pour une balade en taxi escorté mais bon, c'était de toute façon sur la route.

-J'arrive dans 2 mintes. attends moi devant l'hopital...

Aussitot dit aussitot fait, les trois véhicules étaient déja devant les marches de l'hopital, prèts à récupérer les deux chinoises. Il sortit et ouvrit la porte arrière de sa berline pour laisser entrer Jun et Yu Ming.

L'inspecteur Huang s'installa tant bien que mal sur le siège arrière, la plaie dans son dos la tiraillait abominablement. Mais c'était toujours mieux de se faire trimbaler en voiture par son coéquipier que de pourrir sur un lit d'hôpital.
Elle soupira et se cala contre le dossier le plus confortablement possible, puis ferma les yeux. Elle détestait ces endroits.

- Merci d'être venu, Sean.

Jun jeta un oeil aux gens qui l'accompagnait puis demanda :

- Il y a une prise d'otage que tu veux prendre la mairie d'assaut, avec les gars du SWAT ? Leur réputation a franchi les frontières, tu sais. On a entendu parler d'eux jusqu'à Hong Kong...

Plus de six heures s'étaient écoulées depuis que Connor et Gyas avaient été plongé dans le coma artificiel. Il faisait déjà nuit noire à l'extérieur et pour cause, on n'était pas loin de minuit.

Roxann et Glen avait été placé dans une même chambre, par faute de place, vu que des dizaines d'autres agents du SPD Center étaient arrivés à l'hôpital plus ou moins en même temps qu'eux.

La jeune femme était encore dans le coma mais l'homme semblait lentement reprendre connaissance. Sa tête bourdonnait, ses yeux étaient sensibles à la lumière et il se sentait un peu groggy mais il pouvait remarquer que sa fièvre avait complètement disparu ainsi que ses douleurs stomacales.

Un médecin s'approcha du lit de l'inspecteur et lui parla doucement.

"- Inspecteur Gyas ? Comment vous sentez-vous ?"

Glen avait la bouche pâteuse, il laissa ses yeux faire le point puis après quelques respirations put formuler une réponse.

- "Vivant."

Un coup d'œil par la fenêtre, il faisait nuit.

- "Quel jour sommes-nous?"

L'homme ne se sentait pas terriblement curieux de ce qui avait pu se passer durant son "absence", il était encore un peu trop fatigué pour ça... Mais il fallait faire le point. Sentant le drap blanc amidonné sous sa main, Glen repensa à l'échelle de Jacob, un de ses films favoris ; mais tout ça était bien réel.