[SPD] Bureau du Capitaine 2

Aidant Glen à se positionner à mes côtés je le regardais se mettre plus à son aise. Après tout ce qui s'était passé aujourd'hui, je n'avais pas vraiment eu le temps de le détailler, mais maintenant, n'ayant rien d'autre à faire, je pus l'observer à ma guise.

Je fus légèrement surprise à la question innatendue de Glen mais un sourire éclaira mon visage. Alors comme ça il avait remarqué ?
Prenant la bouteille d'eau et en buvant quelques gorgées, je laissais quelques secondes de suspense avant de lui répondre.

"- Le mien n'est pas sur les fesses au moins et j'étais sobre quand je me le suis fait faire.
Vu qu'on est coincé ici... parlez-moi de vous."

Glen n'aimait pas son fichu tatouage, mais il ne l'avait pas fait enlever pour une raison qu'il ne s'expliquait pas lui-même. Basculant la tête en arrière, il ajouta amusé.

- "Il n'est pas sur mes fesses..."

Connor voulait en savoir plus sur son compte, mais il avait épuisé son sujet avec le court résumé fait dans la salle de repos. Un vague sourire désolé passa sur les lèvres de Gyas qui plongea alors dans l'observation de ses pieds.

- "Je ne suis pas très fort à ce jeu là, vous avez pu le constater ce matin ; si vous voulez savoir des choses à mon propos il faudra me poser des questions, ça vaut mieux que de me laisser vous tenir la jambe sur mes céréales préférées."

Je souris à nouveau, décidement l'agent du SWAT était bien plus hérmétique que je ne l'avais pensé de prime abord.

"- Bien. Vous vouliez des questions : où est votre tatouage ?"

*Ah quand on me cherche... forcément.* J'avais bien des tonnes d'autres questions à poser vu ma curiosité insatiable mais commencer par quelque chose de léger était une méthode qui avait toujours fait ses preuves.

"- Et si vous me parlez de vous et que vous êtes sage, je vous retournerai peut-être la politesse." Dis-je un sourire malicieux aux lèvres.

La situation ne s'y prêtait peut-être pas mais nous morfondre sur nos propres sorts n'allait pas nous aider à tenir donc autant passer le temps le plus agréablement possible.

Glen se contenta de relever son t-shirt, puis glissant les pouces sous sa ceinture la tira légèrement vers le bas. Le tatouage se trouvait à cheval sur le bas ventre et le pubis.



Ayant laissé entrevoir le dessin, Gyas glissa à nouveau son t-shirt puis serra la boucle glissante de la ceinture utilitaire. C'était son tour, il commença donc lui-aussi avec un sujet léger.

- " Alors, qu'est-ce qui peut bien pousser un jeune policier prometteur à se faire tatouer un gros chat sur le dos si ce n'est un sérieux abus d'alcool ?"

"- Je n'étais pas loin, c'est de l'autre côté des fesses."

Il me retourna la question comme je m'y attendais.

"- J'avais 23 ans, je fêtais mon master de droit avec mon petit frère et il m'a lancé un défi, je n'ai pas pu résister. Mais le tigre c'est pûrement symbolique, c'est gracieux, élancé, prêt à bondir sur sa proie avec ses griffes acérés mais un tigre peut aussi être doux et malicieux, joueur. Bref ça ma plaisait."

Ayant raconté la petite histoire de mon tatouage, j'allais pouvoir passer à des questions plus précises.

"- J'aimerai bien savoir quel genre de gamin vous étiez ?"

Je cernai en général bien la personnalité d'un adulte mais rien de tel qu'une petite régression en enfance pour m'en dire plus.
Je me calai dans le canapé me mettant plus à l'aise, prête à écouter sa petite histoire. Un frisson me parcouru le dos maintenant que la fièvre était passée, mais je n'y fis pas trop attention.

Glen haussa les sourcils, un peu surpris par la question ; regagnant du poil de la bête, il réfléchit un instant puis évoqua quelques souvenirs d'enfance.

- "Petit, gros et en manque d'attention. J'ai fait les quatre cent coups avec la majorité des mecs qui ont constitué le crime organisé des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix à Washington: grecs, arméniens ; on a continué à jouer aux gendarmes et aux voleurs d'une certaine façon. Les bonnes sœurs ne savaient plus quoi faire de nous, pour ma part mon grand père me collait des raclées du tonnerre de Zeus. Heureusement, du jour au lendemain est arrivé un truc qu'on appelle puberté ; je suis passé de bouboule au grand blond, et j'ai eu pas mal de nouvelles occupations."

Les seventies à Washington, ça n'avait pas été la plus moche des enfances ; même si sur la fin, ils rêvaient tous de Californie... Il faut toujours un ailleurs, Glen Gyas en avait visité son lot.

C'était à son tour à présent, il aurait pu poser une question comme le genre que ces conversations imposent: "pourquoi est-ce que vous faites ce job?" ; mais c'était inutile. Observant la jeune femme, il n'avait pas envie de questionner ses motivations. Cette rencontre n'avait rien eu de banale, la succession de catastrophes et la proximité avaient créé une tension palpable ; et maintenant qu'il avait le luxe de pouvoir réfléchir à autre chose qu'à sa survie immédiate, Glen Gyas se rendait compte qu'il avait franchi la ligne du professionnalisme à pieds joints.

**Les deux pieds dans le plat, même.**

Mais quitte à rétablir l'ordre bureaucratique des choses, Glen n'allait pas se priver de se montrer agressif une ultime fois ; à trop frôler la mort, il fallait bien relâcher la pression à un moment ou un autre.

- "Bien que ce soit dur à oublier, rappelez vous que je ne suis pas un poète. Ça vous arrive de voir des collègues en dehors du boulot ? Et j'entends par là, pas en tout bien tout honneur ; plutôt du genre: dévastons la chambre d'hôtel comme des rockstars."

J'écoutai son récit avec une attention certaine. J'avouais que je n'avais pas l'habitude de flirter avec des hommes beaucoup plus âgés que moi et Glen l'était, aussi son enfance me parût un peu inconnue.

Finalement il avait eu une enfance relativement normale un peu comme la mienne, avec son lot de bêtises et d'espoirs.

Sa dernière question me coupa le souffle en même temps que l'herbe sous le pied. Plus je la réécoutai dans ma tête plus mon sourire s'agrandissait.

"- Vous voulez dire est-ce que j'outrepasse librement le réglement disant qu'un supérieur n'a pas le droit d'avoir de relations avec ses subordonnés ?
Vous me demandez si je peux sortir avec un de mes Hommes tout en prenant en compte le fait que ça risque d'obscurcir mon jugement ?
Vous vouloir vraiment la réponse ?"

Oh ça c'était vraiment mal Roxann, jouez avec lui comme ça alors qu'il ne conaissait pas ton passé... le faire se sentir mal. Mais d'un autre côté c'est jubilatoire.

Un grand sourire moitié sadique, moitié amusé éclairait mon visage.

Et effectivement, Gyas tomba des nuées ; les yeux ronds comme des billes il demanda à brûle-pourpoint:

- "Vous me faites marcher, la fraternisation est interdite dans ce département ?"

Si la chose tombait sous le sens dans les forces armées, c'était loin de faire l'unanimité dans tous les départements de police à travers le pays. Et c'est vrai que continuant avec ses vieilles habitudes, Glen n'avait pas pris de détailler les nombreuses pages de celui de Seattle.

Mais malgré tout, Connor souriait, de façon un peu perverse mais ça restait un sourire ; Glen passa sur automatique et poursuivit donc sa route en empruntant la déviation humour.

- "Comme quoi, j'aurai du le lire le règlement... Mais bon, d'un autre côté il y avait un rétrospective de l'Inspecteur Harry à la télé, et vous savez ce que c'est: nous autres les intellectuels, on y résiste pas."

Se sentant mieux physiquement, le grand type étira ses muscles supérieurs endoloris, maugréant avec un air déçu.

- "Finalement, c'est mieux comme ça ; ça nous évitera une situation embarrassante. Je ne sais pas, imaginez qu'un collègue vous propose.... Tenez... De passer la nuit au Crowne Plaza en centre ville ; tout ça, avec le dessein outrageux de survivre uniquement à ses appétits charnels, plutôt conséquents, à l'aide d'un service d'étages cinq étoiles."

Prenant un air de conspirateur, Gyas conclut.

- "Entre nous, je ne tolère pas le harcèlement sexuel au bureau... A moins qu'il ne soit suivi de résultats concrets."

J'aimais le fait qu'il puisse prendre ce que je venais de dire sur le ton de l'humour. Un autre aurait été déçu ou vexé mais lui, il continuait à me faire du rentre dedans, de manière juste un chouïa plus subtile.

J'écoutai ses paroles et pensai à sa proposition tout à fait intéressante même si j'avouai, que si jamais on survivait à ça, j'aimerais bien faire un tour en boîte, un peu comme Sam et Simon, insouciante, juste danser jusqu'au bout de la nuit.

Sa dernière phrase me tendit une perche juste à la bonne taille pour rebondir sur sa remarque.

"- Moi je le tolère. Mais seulement entre moi et... une autre personne."

Ce qui était très faux aussi d'ailleurs vu que j'avais, vu plusieurs couples se former au sein de mon département, mais ça n'en finissait plus de m'amuser de jouer à ce genre de petit jeu. Ma curiosité ne demandait qu'à savoir jusqu'où il irait dans sa petite approche.

Tout ça faisait du bien, le palliatif de l'EMD et un peu de repos pour le corps ; un flirt digne de la promiscuité d'une longue planque pour l'esprit.

- "Une autre personne, intéressant..."

Glen avait écouté, avec cet air faussement profond et absolument irritant, que seuls arrivaient à produire les analystes politiques de Fox News et les psychologues thérapeutes. Il sortit son calepin et son stylo puis fit mine de noter.

- "Revoyons son signalement, vous voulez-bien? Le suspect serait un mâle caucasien, à peu près ma taille, dans les quarante ans, et disposant d'un grand... hum, sens de l'humour?"

Et Gyas se fit plaisir, sortant son sourire de vaurien breveté façon Han Solo.

**Merci, Harrisson Ford.**

Je souris juste à son petit signalement ne disant rien d'autre vu que ce n'était pas nécessaire. Je changeai de position sur le canapé et allais pour m'approcher de Gyas à cause d'un second frisson quand la porte de mon bureau s'ouvrit et fit place au gars de l'EMD, celui de tout à l'heure.

"- Je vois que vous avez migré du sol au canapé, j'en conclus que notre petit stabilisateur a marché. Dois-je le distribuer à vos Hommes ?"

Surprise par l'entrée sans gêne du pseudo médecin, j'étais habituée à ce qu'on frappe à ma porte, je mis quelques secondes à saisir sa question.

"- Vous ne l'avez pas déjà fait ?
- On voulait savoir s'il y avait des effets secondaires, il y en a-t-il ?
- Des crampes à l'estomac pour l'instant mais je ne saurais dire si c'est le poison ou le stabilisateur."

Il s'approcha de moi et m'osculta légèrement, vérifiant mes yeux, prenant grossièrement mon pouls, regardant en passant ma température avec un thermomètre électronique puis se recula.

"- Vous êtes à 38.2°C ce qui est déjà beaucoup mieux, votre pouls est à plus ou moins 100 ce qui est un peu élevé mais étant donné les conditions je pense que c'est normal, on va donc donner le stabilisateur à vos Hommes.
On continue de travailler sur un antidote, appelez-nous s'il y a un quelconque changement et surtout ne faites pas d'effort, ça risquerai d'aggraver vos symptômes."

L'homme sortit aussi brusquement qu'il était entré et nous laissa seuls, il n'avait même pas pris la peine de vérifier si Gyas aussi allait mieux, s'il n'allait pas me claquer entre les doigts.

"- Je me demande s'il n'a pas eu sa blouse de médecin dans une pochette surprise celui-là..."

La situation sanitaire du central évoluait, c'était une bonne nouvelle ; Glen Gyas se sentait à présent doté d'un second souffle, prêt à reprendre le combat... Métaphoriquement parlant.

- "Au vu des circonstances, je trouve qu'il se débrouille pas mal. Mais il est vrai que les médecins militaires ne sont pas des tendres."

Les gars du labo seraient sur pied, et ils pourraient enfin avoir le signalement du premier véhicule pour lancer les recherches. C'était mieux que l'inaction, les efforts physiques étant fortement déconseillés.

- "Et puis c'est un bon médecin, il n'a pas eu à m'ausculter pour voir que ça allait bien... D'un simple coup d'œil il a deviné que ce n'était ni une lampe torche dans ma poche, ni la rigidité cadavérique."

Mon regard descendit instantanément à l'endroit auquel Gyas faisait référence et en effet je ne pus qu'acquiescer, Glen semblait en bien meilleure santé maintenant qu'il y a une heure.
Pas réellement surprise par ce genre de réaction je me demandais ce qu'il avait derrière la tête. *Enfin Ross, tu le sais bien, tu te demandes juste ce qu'il attend ?* Oui voilà c'est ça.

"- Gyas ! Je ne savais que le médecin de l'EMD vous faisait un tel effet."

Je retenais tant bien que mal mon rire et tentais de rester sérieuse mais décidément c'était très difficile de l'être en compagnie de Gyas. Ma boutade n'était certes pas des plus spirituelles mais, encore une fois, la perche était trop grosse, sans mauvais jeu de mots.

Glen se leva prudemment pour aller chercher un barre protéinée sur le bureau.

- "C'est Pavlovien, il suffit que je voie un uniforme d'officier et je me met tout de suite au garde à vous."

Mastiquant l'agglomérat de céréales sucrées, buvant régulièrement au bidon, Gyas ne se démonta pas et glissa une main dans sa poche pour rapidement remettre en ordre l'armurerie.

- "Vous avez été témoin d'un des grands drames de la condition masculine, il faut savoir que sans stimuli externe particulier, ça arrive onze fois par jour en moyenne... Et neuf en phase de sommeil. Et si je le sais, c'est parce que mon ex-femme m'a fait consulter ; elle pensait que j'étais une sorte d'hyperactif, il s'avère que j'étais juste militaire de retour de déploiement et monogame."

Glen sourit en levant les yeux au plafond, visiblement c'était un souvenir qui l'amusait grandement.

"- Sans stimuli particulier hum ? Et seulement neuf fois par nuit ?"

Si lui ça l'amusait, moi j'en jubilais carrément. Parler de sexe devait se placer en très bonne position dans ma liste de choses favorites à faire pour passer le temps, évidemment cela arrivait derrière la pratique.

Je me levais également, doucement aussi, et arrivait à la hauteur de Glen. Je le frôlai volontairement en passant à côté et pris une barre chocolatée le plus innocemment du monde.
Je m'appuyai sur mon bureau et le regardai dans les yeux pendant un court instant, suffisament.

"- Plus j'en apprend sur vous et plus ça me donne envie de continuer... et vous qui disiez ne pas être très bon à ce petit jeu..."

J'avais fini ma barre et jetai l'emballage dans ma poubelle. J'allais pour boire un peu quand une crampe me vrilla l'estomac. Bon d'accord ce n'était peut-être pas une simple crampe vu qu'elle me plia littéralement en deux et me coupa le souffle. La bouteille glissa de mes mains, roula sous le canapé et moi j'atteris par terre à moitié à genoux.

"- Finalement... Dis-je entre deux respirations saccadées par la douleur. Je ne sais pas si... c'était une si... bonne idée."

Je respirais aussi doucement que je pouvais pour calmer la douleur et aussi mon souffle mais rien n'y faisait, j'avais l'impression de faire une crise aigüe de l'appendicite mais au niveau de l'intégralité de l'estomac.

Gyas accrocha le regard de Connor à côté de lui, près du bureau, et le sien non plus n'avait rien d'innocent.

- "Mieux vaut gagner avec l'effet de surprise que décevoir les attentes de ses supporteurs. Enfin attention avec les compliments tout de même, ou je vais devoir changer de caleçon."

Puis elle s'écarta et... la loi de Murphy se manifesta aussitôt en replongeant les deux policiers dans l'urgence. Connor venait de se plier en deux sous l'effet d'une douleur stomacale aiguë.

- "Et merde!"

Glen rejoint Roxann et l'aida à prendre place sur le canapé ; pour l'instant son estomac à lui se tenait tranquille et c'était une bénédiction.

- "Allongez-vous, respirez rapidement par la bouche."

Une chose inquiétait particulièrement Gyas et il espérait que ce n'était pas ça ; soulevant le débardeur de Connor pour découvrir son ventre, il posa ses mains et du bout des doigts, palpa entre les muscles, à la recherche de la tension et du rebondissement dus à une hémorragie interne. Il essaya d'être aussi doux que possible, car il est probable qu'elle souffrait de façon intense, et il fallait éviter les muscles qui contractés donneraient une réponse défensive, faussant la palpation.

- "La bonne nouvelle, c'est qu'à priori on a affaire à une inflammation et pas à une hémorragie. Bougez-pas, continuez à respirer comme ça ; j'appelle tout de suite le toubib pour qu'il amène de quoi vous soulager."

Glen sortit son téléphone et joignit le PC de l'EMD sur la ligne qu'ils avaient mis en place.

- "Bureau du capitaine Connor, elle expérimente des douleurs stomacales très importantes alors magnez-vous de venir voir... Monsieur."

J'inspirais et expirais autant que je pouvais mais contrairement à ce que m'avait dit mon frère, ce n'était pas comme une préparation à l'accouchement et la douleur était loin d'être supportable.

Glen essaya de m'allonger mais j'étais bien mieux pliée en deux alors je ne fis que m'asseoir, déjà debout ça avait été un calvaire alors allongée !

J'enlevai mes bras le temps que Gyas "m'osculte" mais ayant rarement fait face à ce genre de douleur subite il ne put pas vraiment toucher quoi que ce soit sans que je grimace de douleur à défaut de pouvoir hurler vu que j'étais trop occupée à respirer.

Je restai assise les bras autour de mon ventre, haletant quasiment comme un chien, encore un peu et je cassais la figure au premier qui me touchait.

Un des hommes de l'EMD débarqua dans mon bureau peu après que Glen l'ait appelé et en me voyant sur le canapé il m'ordonna quasiment de m'allonger.

"- J'aimerais bien !" Lui criai-je dessus. Ayant du mal à contrôler ma voix avec l'intensité de la douleur.

Il essaya alors tant bien que mal de m'osculter même si je devais être une patiente difficile.

"- Ca a commencé par des crampes ?"

Je hochai la tête ne pouvant même plus prononcer un son sans fondre en larmes.

"- Alors c'est normal, c'est apparemment un des symptômes de ce poison, il s'attaque à votre estomac en premier lieu probablement parce que vous l'avez ingéré. On pensait pouvoir éviter l'apparition de ce symptôme avec le stabilisateur mais apparemment c'est raté."

Il soupira et continua.

"- D'après ce que j'ai pu détecter pour l'instant ce n'est qu'une inflammation alors je vais vous donner des cachets et vous allez vous sentir mieux."

J'avais sérieusement envie de lui casser la gueule mais dans cet état je ne pus qu'acquiescer. Le médecin partit alors mais laissant me démerder pendant qu'il allait chercher les cachets. *Si je m'en sors vivante je crois que je fais un scandale à propos du traitement des patients par l'EMD.*

Heureusement il revint rapidement avec un verre d'eau où se dissipait un cachet. Il me demanda de le boire et d'essayer de m'allonger et rajouta qu'il ne pouvait rien faire d'autre pour le moment. J'obéis docilement, n'ayant aucune autre alternative puis m'appuyai contre le dossier du canapé, à défaut de pouvoir m'allonger.

"- Glen..."

Ma voix de nouveau brisée par les larmes de douleur qui s'étaient accumulés dans mes yeux ne devait pas être très engageante mais là tout de suite, je ne pouvais faire mieux. Je me demandais s'il allait avoir ces symptômes, si tout le monde allait les avoir et si oui, ce qu'on allait faire... et ce qui allait arriver ensutie.

Glen ne pouvait rien faire pour soulager la douleur de Roxann, à part être là ; à ce que disait le médecin, tout le monde en passerait par ces crises tant que le remède final n'aurait pas été synthétisé.

- "Vous devriez distribuer des anti-inflammatoires et des pansements gastriques à tout le monde, si on est sensés en passer par-là."

La pause avait été de courte durée, avant qu'ils ne replongent dans l'urgence et l'ombre de la mort ; mais qu'à cela ne tienne, ils feraient face du mieux qu'ils pouvaient.

Gyas passa un de ses bras puissants autour des épaules de Connor.

- "Je suis là, ça va aller."

Et c'était vrai d'une certaine façon, la douleur finissait toujours par disparaître, parfois avec tout le reste.

Le gars de l'EMD avait laissé un paquet de cachets sur mon bureau et avait acquiescé à la remarque de Glen. Malgré la mauvaise opinion que j'avais de lui j'avais l'impression qu'il faisait ce qu'il pouvait et c'était justement ça qui m'inquiétait, ils étaient sûrement dépassés là-bas derrière et ils n'osaient pas nous le dire.

Je laissai les cachets agir tout en serrant les dents et en respirant aussi normalement que possible. Gyas s'assit à côté de moi et passa un de ses bras autour de mes épaules. Je me rapprochai légèrement de lui, la douleur devenant peu à peu supportable, s'estompant.

Assise et appuyée contre le dossier du canapé, je rejetais ma tête en arrière et soufflai une dernière fois. La douleur était encore présente, lancinante, mais maintenant je pourrais passer outre. Ma main droite partie à la recherche de la main gauche de Glen et la serra un court instant avant de lui échapper. Mon regard se posa sur l'homme et je souris légèrement.

"- Merci et désolée pour tout ça..."

L'avoir convoqué aujourd'hui n'avait décidément pas été une bonne idée. Il se retrouvait au milieu d'une guerre qu'il ne connaissait pas ce qui était préjudiciable pour y faire face et en plus il devenait une victime.
Au moins les hommes qui étaient là depuis quelques temps savaient que ce genre de chose pouvaient arriver et qu'avec le FDL on devait s'attendre à tout.

Je me levais, doucement, et me dirigeai vers le bureau où j'allais prendre une bouteille d'eau.
Je repensais au FDL, à ce que Derek Williams avait promis et à ce qu'il demandait. Je ne savais pas s'il était réellement sérieux mais s'il devait appeler, il vallait mieux qu'on soit prêt.

"- Je vais appeler une équipe de techniciens qu'ils mettent mon téléphone sur écoute, en espérant que Williams tienne parole et aussi qu'il appelle directement ici.
Glen, vous pouvez appeler le labo, savoir où ils en sont pour la voiture ?
Il faut qu'on avance parce que jusque là c'est le FDL qui a mené le jeu et je n'aime pas perdre."

La crise s'était atténuée grâce aux cachets donnés par le médecin, un brin rassuré, Glen acquiesça.

- "Vous trouverez bien à vous faire pardonner, j'en suis sûr."

Et il ponctua la chose d'un clin d'œil tout ce qu'il y a de plus confiant. Intérieurement, Gyas était moins à la fête ; la douleur commençait à chauffer lentement le long de sa paroi abdominale.

**C'est le Chiapas qui recommence... Et je n'ai même pas eu à goûter le chili cette fois.**

Ecoutant Connor se remettre en selle, l'homme se saisit de son téléphone.

- "Allo, oui c'est encore moi. [...] Je sais bien que c'est désagréable de bosser dans ces conditions, mais vous devez me confondre avec l'autre type, le sympa, celui qui en a quelque chose à foutre.[...] Parfait, on veut ces résultats pour hier."

Raccrochant, il commenta amer.

- "Ça arrive, ils avaient juste besoin d'un peu d'encouragements."

Glen appela les scientifiques et m'assura qu'ils allaient avoir des résultats rapidement, je l'espérais, je commençai à en avoir par dessus la tête de cette quarantaine. Entre le douleur, l'inneficacité que ça soit de nos propres hommes ou de ceux de l'EMD, et le FDL qui se foutait de nous, il y avit de quoi avoir les nerfs.

"- C'est Connor, je veux une équipe dans mon bureau dans 10 minutes avec tout le matériel pour mettre mon téléphone sur écoute.
- ***
- Oui je sais que ce n'est pas la forme, nous non plus on ne rigole pas mais il faut avancer, maintenant."

Je raccrochai sans rien ajouter d'autre. S'il fallait leur secouer les puces, je le ferais, pour leur propre bien.

"- Ils ont dit quand est-ce qu'ils auraient fini avec la cassette ?"

Voyant que Glen semblait assez mal en point, vu la grimace qui s'étalait sur son visage, je pris la boîte de cachet, un verre et une bouteille d'eau puis je m'approchai de lui.

"- Prenez les cachets maintenant, je ne veux pas que vous passiez par la même douleur que moi."

Je m'inquiétais réellement, à force de jouer le gros dur, il allait vraiment en souffrir et je ne le voulais pas.

Glen avala les cachets avec un peu d'eau puis grogna.

- "Ca va aller."

Bien qu'habitué à l'attente inhérente aux prises d'otages, le flic était passablement irrité de ne pas avoir la situation en main... Pour arranger le tout, les otages c'étaient eux.

- "Les techniciens image ont dit cinq minutes administratives, s'ils ne tiennent pas le délai j'irai chercher ce putain d'enregistrement moi-même."

**Et ils en prendront pour leur grade, ces glandeurs du club informatique.**

Après avoir arpenté un peu la pièce, Gyas se rassit dans le canapé, tendu par la douleur et une pointe de frustration.

Je souris légèrement à la mauvaise humeur de Gyas. Ca devait être la première fois depuis que je l'avais connu que je le voyais frustré.

Heureusment pour ses nerfs et les miens aussi il fallait l'avouer, les techniciens débarquèrent en même temps dans mon bureau, se battant presque pour savoir qui allait entrer le premier.

D'un côté deux hommes commencèrent à installer rapidement le matériel nécessaire pour une écoute téléphonique, de l'autre une femme nous donna une cassette vidéo que nous pouvions visonner.

"- C'est tout ce qu'on a pu faire étant donné les circonstances, on voit beaucoup mieux l'homme qui tire et le modèle de la voiture, la plaque par contre, ce n'est même pas la peine, elle a été maculé de boue." Dit la jeune femme d'un air désolée.

Je pris la cassette et l'entrai dans le magnéto qui était couplée à une TV posée sur la bibliothèque.

"- Oh et les CSI m'ont dit de vous apporter ça, c'est le rapport ballistique sur les tirs provenant de la voiture."

Je lançai la télécommande à Gyas pour qu'il commence le visionnage de la cassette, à vitesse réduite et je feuilletai le rapport.

"- Attendez qui se trouvait à l'endroit où tous les tirs convergent ?
- C'est écrit derrière, ils ont fait un plan supposé de la situation.
- Ok. Vous pouvez y aller. Vous avez eu les cachets pour l'estomac ?"

La jeune femme acquiesça et repartit d'où elle venait.

Glen visionnait la K7, constatant que Connor ne lui avait pas menti, son poste avait visiblement un budget famélique pour ne pas être passé au numérique... Même un dinosaure comme Gyas devait le constater.

Ecoutant d'une oreille alors qu'il marquait déjà sur son carnet les détails de l'avis de recherche.

- "Laissez-moi deviner, ils tiraient sur Wimbers?"

C'était une théorie plausible, vu que leurs organisations respectives étaient antagonistes... Mais c'était surtout une promesse intéressante d'informations sur le FDL, via les membres de Phénix Noir occupant la voiture.

Glen ouvrit la porte du bureau et fit signe à un collègue en uniforme, lui passant la page de son calepin avec le signalement du véhicule.

- "Faites passer un avis de recherche toutes unités au dispatch, suspects armés et dangereux."