I - Changer de Vie
J-1Cher journal,
J'ai terminé mon précédent journal sur ces terribles mots: "
Il est temps pour moi de changer de vie avant de devoir renoncer à celle-ci".
Je sais que c'est horrible de penser ça. Mais je pense sincèrement que si je n'arrive pas à changer de vie, il faudra que je me suicide. Je ne peux plus supporter cette situation. Je ne suis pas juste une prostituée, comme tout le monde s'acharne à le penser. Je suis quelqu'un avant tout. Quelqu'un de réel. Et j'aimerais qu'on me respecte pour ce que je suis, et non ce que je fais. Car je n'ai pas eu le choix.
Or ce non-choix, j'en paye le prix fort tout les jours. Encore aujourd'hui. J'ai été faire des courses et l'on m'a fait des avances. Finalement, quelqu'un m'a payé mes courses en échange d'un de mes services.
Mais ce qui me dégoute le plus, c'est qu'au fond, je prends un certain plaisir, même si je me l'interdis. C'est naturel mais terrifiant.
Il faut absolument que ma vie change. Il ne peut pas en être autrement... Et je commencerais cette lourde tache dès demain. J'y crois. Je peux le faire.
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Jour JOh mon dieu ! Cher journal, tu ne devineras jamais ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Mais je vais commencer par le début...
J'avais renoncé à mon projet. Je sais que c'est atroce mais je ne me sentais plus la force de me battre. Je me suis levée à plus de midi, au côté d'un inconnu. Sur la table basse, une enveloppe avec le fric pour une nuit complète: 2 000$. Foutu prix en baisse.
Mais j'avais quand même de quoi remplir mes poches maintenant que je m'étais ruiné dans mon appartement. Tant mieux. Cependant, je sentais que je n'aurait pas le courage de provoquer la chance. J'ai donc abandonner mon idée d'aller demander un emploi dans un fast-food. Pour ce qu'il m'aurait dit :
"On n'accepte pas les prostitués ici" ;
"On est une enseigne sérieuse, pas un bazar à p..."Autrement dit, il m'aurait traité avec le respect que je mérite: aucun. Déjà à l'époque où je n'étais qu'une simple SDF ils n'avaient pas eu envie de moi. Et c'est comme ça, à cause d'eux, que je me suis retrouvé dans cet Enfer. Malgré toute ma volonté, je ne peux pas leur en vouloir. A cette époque, je ne me faisais pas confiance moi-même, alors demander à quelqu'un d'autre de m'accorder la sienne...
Je suis resté une demi-heure assise à la table d'un fast-food, à manger et réflechir, avant de réaliser que je ne pourrais jamais remplacer Lola, la serveuse qui m'avait remplacé. Elle n'était même pas américaine mais avait mieux réussie sa vie. J'ai reçu un SMS, un nouveau secteur et, finalement, un nouveau client... Deux heures, 200$, puis il est parti parce qu'il avait "une réunion de famille" avec sa femme, ses enfants et ses beaux-parents. Ca se passe de commentaire, je crois.
Alors j'ai déambulé un peu dans les rues de Seattle avant de me faire de nouveau accoster en début de soirée. Une heure et 100$ supplémentaire. J'ai gagné 2 300$ aujourd'hui. Une bonne journée. C'est à dire un enfer pour moi.
Il devait être un peu plus de 22h quand je
l'ai rencontré,
lui, celui qui va m'aider à changer de vie.
A nouveau, je marchais tranquillement dans Seattle. Et
sa voiture s'est arrêté. Je
l'ai d'abord pris pour un simple client quand
il m'a abordé. Puis j'ai compris que quelque chose n'allait pas,
il n'avait pas les bons réflexes, ne semblait pas stressé mais l'instant d'après
il était à deux doigts de se pisser dessus en regardant les rétros.
Tu dois te demander, cher journal, de qui je parle. D'un flic. John Miller d'après sa carte. Cette révélation doit forcémment entraîner une nouvelle question... Comment je m'en suis sortie ?
De la manière la plus hallucinante qui soit.
J'ai d'abord tout nié en bloc. Que faire d'autre ? Je n'avais pas le choix. Evidemment, il ne m'a pas cru. Alors j'ai lancé mon second plan. Lui proposer mon aide pour arrêter des criminels, être sa taupe quoi...
Heureusement, il m'a cru. Et il a eu raison. Grâce à sa paresse évidente, il m'a relachée, m'a donné sa carte et m'a fait promettre de lui donner des infos. 100$ l'info. Raisonnable. Je ne pense pas que j'aurais pu en tirer plus, vu l'état de sa caisse ce n'était pas le flic le plus riche de Seattle...
Je suis rentré et je me suis mis à écrire ma journée. Je vais aller me coucher. Mais cher journal, réalises-tu ? Ce qu'il s'est passé ce soir... C'est l'occasion parfaite de changer de vie, maintenant, pour toujours... Je vais récolté son fric, plus celui des clients. Je vais économisé. Et après je serais tranquille.
Toujours...
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