Dieu que cette journée fut erreintante et épuisante pour l'expert comptable Anton Drake. Il faut dire qu'en temps que chef d'équipe depuis plusieurs années maintenant chez Peterson and Baumann, il n'a que rarement conu des moments de repos. Son travail étant "essentiel" à la survie de l'entreprise, cela arrivait souvent qu'Anton passe ses soirées, voire des nuits entières devant son écran d'ordinateur, au 48ème étage du building où se trouve l'entreprise.
Une bonne chance pour lui, ce soir, Ron, son supérieur hierarchique et chef de secteur lui a filé quelques heures de repos. Anton, bien étonné par cet élan de générosité à immédiatement rangé ses affaires, bien heureux de partir quelques heures plus tôt en week end. Rangeant à la va vite ses dossiers en cours et éteignant l'ordinateur essouflé, Anton se rua sur le bouton de l'ascenseur. Quelques minutes plus tard, il était au volant de sa berline, pret à savourer ce début de week end.
C'est Jenny, son épouse, qui allait être surprise de le voir rentrer du bureau si tôt ...
Il profita par la même de la quasi absence de véhicules sur le périphérique, pour s'arrêter lui acheter un bouquet de lilas, ces fleurs qu'elle aimait tant. Une quinzaine de minutes plus tard, il se garrait dans l'allée de son pavillon de banlieu. Son pardessus sur l'épaule, le bouquet à la main et sa sacoche sous le bras il s'avança dans l'allée quand il s'arrêta, surpris ...
En effet, la camionette de John, le plombier et n"anmoins ami de la famille depuis près de vingt ans était stationnée à l'arrière de la maison.
* Etrange ...*
Anton entra dans la maison comme d'habitude par la porte de derrière, déposant le bouquet sur la table de la cuisine, posant son pardessus sur une chaise et son sac au sol et pénétra dans le salon ...
* Personne ? *
Alors qu'il allait annoncer son retour à vive voix il entendit du bruit à l'étage ... un bruit bien inhabituel ...
Sur la pointe des pieds, il grimpa les marches, pour retrouver sur celles ci, une paire de chaussures d'hommes, une chemise, une jupe, visiblement abandonnés là à la va vite. Il se dirigea vers la salle de bain et agenouillé près de la serrure il positionna son oeil sur le trou et ... ce fut le choc ... Sa femme ... John ... La douche ...
Il déglutit ... Tout son univers venait de s'effondrer là, en quelques secondes ... Il resta là quelques secondes, comme pris d'un bug informatique, incapable de bouger, incapable de penser.
Quand il prit conscience de ce qu'il venait de voir, Anton fut prit d'une colère, une rage même, que jamais il n'avait connu. Il était survolté.
Il se releva, le regard noir, les poings serrés mais il ne fit rien, ou plutôt se contenta de descendre les marches, toujours aussi silencieusement. Il sortit de la maison par le même chemin qu'il avait emprunté quelques minutes plus tôt. Il ramassa son sac, son imperméable et même le bouquet de lilas et regagna sa voiture. Il démarra, plus que jamais décidé à se venger de celui qu'il considérait presque comme un frère.
Il se mit en route pour l'appartement de John. Quelques minutes plus tard, il fracassait la porte et pénétrait l'appartement de ce dernier. Il n'avait véritablement rien planifié de précis ... Il devait juste lui faire payer sa lâcheté ... quoi qu'il lui en coûte par la suite.
Il avait revêtit ses gants en cuir pour ne pas laisser d'empruntes. Il avait vu comment procédait la police à la télévision ... les techniques de police criminelle, la moindre petite empreinte permetait de remonter jusqu'au meurtrier.
Il fouilla les armoires de John et y trouva plusieurs sous vêtements appartenant à sa femme, conservés comme trophées par le dit "ami". Mais ces vêtements ne furent pas les seules choses qu'Anton dénicha.Dans le tiroir d'une commode, Anton trouvant une petite boîte contenant un pistolet noir et une boîte de cartouche.
* Glock ! *
Il chargea l'arme comme il l'avait vu tant de fois faire sur le petit écran et retira la sécurité avant de se positionner dans l'embrasure de porte, attendant sa proie, toujours rongé par la rage et l'amertume.
Quelques minutes plus tard, il entendit un cri d'effroi ... John venait d'arriver et avait constaté l'effraction de sa porte. Anton sortit de sa cachette, le pistolet bien en évidence à la main.
"Qu ... qu'es ce que tu fais ici Anton ?
- Ordure !"
Anton pointa le torse de son "ami" et y logea quatre balles avant de ranger l'arme, et s'emparer du peu d'argent qu'il avait trouvait sur John, comme pour faire croire à un vol qui aurait dégénéré et de s'enfuir avant l'arrivée d'un voisin, en prenant soin de ne rien laisser traîner, ni de ne se montrer à personne.
Il regagna son domicile et embrassa son épouse comme si rien ne s'était passé ... mais au fond de lui il avait aimé cela, cet acte défendu, hors norme l'avait touché profondément. Il avait ressentit en fait du plaisir à accomplir cet acte de vengeance, cet assassinat froid, méthodique ... Il allait devoir cependant reprendre sa petite vie là où il l'avait laissée ... provisoirement ...